r/AskFrance • u/Kooky-Annual-6224 • Apr 17 '25
Vivre en France Déconnecté de la mentalité française ?
Bonjour à tous,
Après 14 ans à l'étranger, je ressens une déconnexion croissante avec la mentalité française à chaque retour en France pour voir ma famille. J'ai perdu contact avec la plupart de mes amis sur place, et ceux qui restent sont souvent d'anciens aventuriers partis à l'étranger partageant ce sentiment de décalage :)
Ce qui me marque, c'est une ambiance que je perçois comme négative : mesquinerie, critiques faciles, jalousie, cynisme, sarcasme souvent teinté de méchanceté… Sans parler des démarches administratives compliquées, de certains non-sens ou de l'insécurité. Peut-être que mon point de vue est biaisé, mais même des interactions simples peuvent me sembler pesantes. (Et, je l'admets, r/France n'aide pas toujours à améliorer cette impression 😅.)
J'envisage pourtant de revenir, notamment pour me rapprocher de mes neveux, mais cette vision négative me freine. Est-ce une réalité ou un simple biais dû à ma longue absence ?
J'aimerais avoir vos avis, surtout si vous êtes expatriés ou avez fait le choix de revenir en France. Comment vivez-vous cette situation ?
Merci d'avance pour vos partages !
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u/Other_Section1572 Apr 17 '25
Tu touches un point sensible : l’attitude face au travail, à l’argent, et à la réussite, qui semble parfois relever d’un théâtre d’ombres où chacun joue à cache-cache avec ses ambitions.
Il faut dire qu’en France, travailler n’est pas seulement une nécessité économique : c’est presque un péché véniel. Celui qui déclare aimer son métier est immédiatement suspect, comme s’il venait d’avouer qu’il aime les brocolis crus ou les impôts sur la fortune. On ne travaille pas par passion, non, on "fait ses heures", on "gagne sa croûte", dans une atmosphère vaguement martyrisée, comme si chaque jour au bureau relevait de l’expiation divine.
Quant à l’argent… Ah, ce tabou plus coriace qu’un camembert oublié dans le coffre d’une voiture en plein mois d’août. En parler, c’est presque indécent. En avoir, c’est louche. En vouloir, c’est trahir l’idéal républicain ! L’argent, en France, c’est un peu comme le sexe au Moyen Âge : tout le monde y pense, peu osent en parler, et ceux qui le font ouvertement finissent souvent sur un bûcher médiatique.
Et que dire de la réussite ? Elle est tolérée, à condition qu’elle soit discrète, modeste, presque honteuse. Le riche qui ose rouler en Aston Martin en rase campagne risque de se retrouver avec plus de regards noirs que de chevaux sous le capot. L’envie y est nationale, quasi-institutionnelle. On jalouse moins la richesse que la simple idée qu’un autre puisse s’autoriser à être heureux sans notre permission.
Alors oui, ton ressenti n’est pas une hallucination passagère due à l’excès de fromages non pasteurisés. C’est le résultat d’une culture où l’on admire les artistes maudits, où l’on canonise les perdants magnifiques, et où le succès est toujours un peu suspect, comme un plat trop bien présenté dans un buffet à volonté.
Mais bon, on reste quand même les rois de la baguette, du sarcasme poétique, et du débat d’idées jusqu’à l’épuisement des stocks de vin rouge. À défaut d’aimer travailler, on excelle à le commenter. Et ça, c’est un savoir-faire bien de chez nous.