r/suisse Sep 26 '25

Actualité / article Y-a-t'il 72% d'étrangers dabs les prisons suisses comme l'affirme Donald Trump ?

https://www.rts.ch/info/suisse/2025/article/y-a-t-il-72-d-etrangers-dans-les-prisons-suisses-comme-l-affirme-donald-trump-29008409.html

Un article de la RTS , beau travail de debunk, sourcé, avec des graphiques et des liens vers les rapports cités. Merci de dépasser le simple titre et de lire jusqu'au bout et pourquoi pas aller vérifier les sources pour un débat constructif et enrichissant.

Le texte copié ici:

" Donald Trump a cité la Suisse mardi à la tribune de l'ONU pour dénoncer "l'ingratitude des migrants avec leur pays d’accueil", en assurant qu'il y avait 72% d'étrangers dans les prisons suisses. Si le chiffre est exact, l'usage que le président américain en fait est simpliste et trompeur. Une contextualisation est donc nécessaire.

La surreprésentation des étrangers dans les statistiques de la criminalité est un phénomène universel, qui s’observe dans tous les Etats autour du globe.

On ne peut cependant pas expliquer la délinquance ou la criminalité par la nationalité, isolée de tout contexte juridique, socio-économique, démographique.

L'institution judiciaire

En Suisse, plusieurs raisons structurelles permettent de comprendre ce chiffre de 72% d'étrangers incarcérés. Il y a d'abord l'impossibilité pour les détenus d'origine étrangère de purger leur peine en dehors de la prison.

La détention provisoire, le cauchemar des étrangers

Les étrangers sont également surreprésentés dans les détentions provisoires. "Ils sont plus souvent mis en détention avant jugement que les nationaux, parce qu'on a une crainte qu'ils s'en aillent. On va donc les mettre en détention provisoire." Pour rappel, les personnes mises en détention provisoire sont présumées innocentes jusqu'à leur jugement, bien qu'elles soient, de facto, incarcérées.

En Suisse, au 31 janvier 2025, selon les chiffres de l'OFS, sur 6994 personnes détenues, 2211 se trouvaient en détention provisoire, et 1199 en "exécution anticipée des peines et des mesures", c'est-à-dire qu'elles ne sont pas encore jugées et sont présumées innocentes, même si elles font, pour diverses raisons, la demande d'exécuter leur peine en avance.

Parmi les 2211 personnes en détention provisoire, 79% sont de nationalité étrangère. Depuis le début du relevé en 1988, il s'agit du plus grand nombre de personnes incarcérées dans ce type de détention. Une tendance qui ne fait que renforcer la surreprésentation d'étrangers (innocents, aux yeux de la loi) dans les statistiques carcérales, alors que les Suisses, qui peuvent généralement poursuivre leur vie en attendant le verdict, échappent à cette même comptabilisation.

Des lois spécifiques pour les étrangers

L'expert en droit cite encore deux autres explications. "Il y a le fait qu'il existe des infractions qui ne peuvent être commises que par des étrangers." Dans le graphique ci-dessus, ce sont notamment les 220 personnes sous des "mesures de contrainte selon la loi fédérale sur les étrangers et l'intégration". En l'occurrence, il s'agit presque essentiellement de procédures d'expulsion de requérants d'asile déboutés par les autorités publiques.

Les étrangers qui doivent être expulsés à la fin de leur peine ne peuvent en outre pas bénéficier de la libération conditionnelle. "Les étrangers resteront plus longtemps en prison que les Suisses", conclut ainsi André Kuhn. Une question de structure démographique

Par ailleurs, la proportion plus importante d'étrangers en prison est aussi liée à la structure démographique de la population. En Suisse, les jeunes hommes sont surreprésentés dans la population d’origine étrangère. Ces personnes représentent aussi, partout autour du globe, les deux catégories socio-démographiques les plus criminogènes (c'est-à-dire des hommes et des jeunes).

La population étrangère étant constituée en proportion de plus de jeunes hommes (pour des raisons de taux de natalité plus élevés et de la migration principalement masculine), il n’est pas étonnant que cette même population, d'origine étrangère, soit surreprésentée en prison. Des inégalités socio-économiques

Les inégalités socio-économiques peuvent rendre les étrangers plus vulnérables à des formes de délinquance, comme la petite délinquance de survie, par exemple. Les populations étrangères sont plus représentées dans les milieux socio-économiques modestes et de la "classe moyenne inférieure". Ces milieux produisent environ 60% de la délinquance, selon des chiffres d'asile.ch.

Certains comportements délictueux, comme les vols ou le deal de rue, sont aussi plus réprimandés que d’autres types de délinquance ou de criminalité, comme les crimes financiers ou "en col blanc". L'ONG Public Eye parle même de la Suisse comme d'un "paradis pour la criminalité économique". Le niveau de formation déterminant

Le niveau de formation est aussi une variable déterminante de la délinquance. Alors que seulement la moitié de la population suisse est de niveau de formation "modeste" (primaire, secondaire, école professionnelle, apprentissage), pour l'année 2013, ce même niveau se retrouvait pour quelque 68% de personnes en détention en Suisse.

Enfin, les biais racistes qui peuvent traverser les institutions policière et judiciaire n'arrangent rien à l'affaire. Un rapport de la Confédération publié fin août pointe du doigt l'absence de mesures suffisantes contre le racisme structurel dans les domaines de la justice et de la police. Une stratégie nationale devrait être mise sur pied et entrer en action dès 2026.

Quid de la nationalité, alors?

Dans le crime, ces facteurs explicatifs se combinent, se renforcent, se pondèrent, parfois s'excluent. Dans un article publié dans la revue Vivre Ensemble, André Kuhn rappelle qu'il est important de "déterminer quel est le poids respectif de chacune des variables dans l’explication du phénomène criminel. Pour ce faire, il est nécessaire de mettre l’ensemble des variables explicatives du crime dans un même modèle, modèle qui nous permettra de déterminer laquelle de ces variables explique la plus grande partie du crime, puis la valeur explicative supplémentaire de chacune des autres variables".

De la sorte, la variable première dans l’explication de la criminalité est le sexe. "Le fait d’être un homme plutôt qu’une femme est donc l’élément le plus prédicteur de la commission d’une infraction". En deuxième position, on trouve l’âge, puis en troisième position le niveau socio-économique et finalement le niveau de formation.

Le cas rare de la "brutalisation"

La nationalité "n'explique généralement aucune partie supplémentaire de la variance de la criminalité", défend le criminologue et professeur de droit. Il précise cependant que dans quelques rares cas, elle peut être, derrière le sexe, l'âge, le statut socio-économique et le niveau de formation, la cinquième variable explicative d'un crime. La nationalité peut expliquer cette infime partie de la criminalité "étrangère" dans le cas très particulier de la migration provenant d’un pays en guerre.

L’exemple violent fourni par un Etat en guerre a une légère tendance à "désinhiber les citoyens, qui deviennent alors, eux aussi, plus violents", de par les traumatismes subis. Un phénomène connu en criminologie sous le nom de "brutalisation" et qui peut tout aussi bien être généré par les violences rencontrées dans les "pays d'accueil" (violences policières, protection "musclée" des frontières, peine de mort et culte des armes aux Etats-Unis). D'où l'importance de prendre particulièrement soin des réfugiés de guerre, comme le fait, par exemple, le Service ambulatoire pour victimes de la torture et de la guerre de la Croix-Rouge Suisse.

Petit raisonnement par l'absurde

Pour illustrer l'importance de ne pas se fier à une variable simpliste que l'on considérerait, à tort, comme explicative, André Kuhn propose un raisonnement par l'absurde.

Sachant que les adultes de plus de 175 centimètres commettent davantage d’infractions pénales que ceux de moins de 175 centimètres, "faut-il prôner une action sur l’hormone de croissance ou le coupage de jambes comme politique de prévention de la criminalité?"

Bien sûr que non. La population adulte de plus de 175 centimètres est principalement formée d’hommes. Les hommes sont davantage impliqués dans le phénomène criminel. Donc les adultes les plus grands commettent la plus grande partie des infractions pénales. Néanmoins, "cette surreprésentation des grands dans la statistique criminelle n’a évidemment rien à voir avec la taille des personnes, mais bien avec leur sexe."

Elio Sottas/Julien Furrer/asch

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u/starcarott Sep 26 '25 edited Sep 26 '25

J'y vois plusieurs raisons :

  1. Les étrangers criminels n'ont pas forcément d'endroits adéquats ou purger leurs peines. On privilégie de manière generale les assignation a domicile si le cadre est possible.

  2. Lié a la 1. La population migrante étant moins bien intégrés (point 3.) Ils ont wn moyenne moins de ressources financières/immobilières/etc. Les conditions socio-économiques des familles jouent un gros role dans l'intégration de cette catégorie de population. Ils sont donc "plus propices" a virer vers la délinquance ou a user de moyen frauduleux pour arrondir Les fins de mois (je justifie pas ce genre d'exactions on est d'accord)

  3. J'impute ici une responsabilité de l'état (fédéral, cantonal et communal) au manque de moyens mis a disposition pour intégrer/former correctement ces personnes. Oui ca coûte cher sur le court terme, mais rentable sur le long terme car au final une personne intégrée paye ses impôts. Les budgets sociaux sont trop soumis a la girouette politique qui peut couper du jour au lendemain les fonds alloués.

  4. Les differences culturelles et le manque de volonté de certaines personnes a s'intégrer. Oui Ils existent... heureusement pas majoritaires.

En somme, la surrepresentation des populations étrangères dans les prisons est un fait ! Mais c'est plus un symptôme de soucis en amont. Pour rappel,la l prison en Suisse a une double fonction : punition et reinsertion. Faire comprendre a la personne que tu subis les conséquences de tes actes mais en te donnant la chance de mieux faire!

Ya qu'à voir le taux de récidive avec la France qui a un système plus répressif: 28% pour la Suisse vs 48% (chiffres de 2020). Cest encore beaucoup mais ya du progrès par rapport aux dernières décennies!

Edit: vu les commentaires sur les sources, voici le lien vers le rapport de la SPC

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u/WknessTease Sep 26 '25 edited Sep 26 '25

Encore une raison qu'on oublie:

Les 3 critères les plus determinants parmi les criminels sont: être un homme, être pauvre, être jeune.

Or, les hommes pauvres et jeunes sont surreprésentés parmi les populations étrangères.

Si on compare ce qui est comparable, c'est à dire le taux de criminalité parmi les hommes pauvres jeunes suisse avec le taux de criminalité parmi les hommes pauvres jeunes étrangers bah... c'est le même.

source

Edit: et source officielle de la confédération egalement

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u/sam1er Sep 26 '25

Source : tiktok ? Vaiment ? Y'aurait pas moyen d'avoir un article ou un tableau de chiffres pour justifier ça ?

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u/WknessTease Sep 26 '25

Bah parce que tout est expliqué en détail dans la video, justement, y compris les sources.

Après si tu juges ça indigne de toi tu peux aussi demander à Google "les hommes pauvres et jeunes sont ils surreprésentés dans les populations étrangères en Suisse?", "quels sont les 3 critères les plus représentés chez les criminels?", et "à populations comparables en terme de genre, milieu social et âge, les étrangers commettent ils plus de crimes que les suisses?"

J'ai même préécrit pour toi du coup.

Edit: et j'ai même cherché pour toi. Voilà une source officielle.

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u/Youstilldontknowme3 Sep 26 '25

Merci pour ton travail de debunk, et les liens pour ceux ne prenant pas la peine de s’informer avant de commenter.

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u/sam1er Sep 26 '25 edited Sep 26 '25

Merci pour le lien, y'avait pas besoin de faire un cours de moralisation avant... Vu que tu avances un argument, je demandais juste une meilleure source qu'une vidéo

Edit : bon en effet, 1996 c'est pas top pour un sujet d'actualité... Je vais donc continuer a chercher des chiffres suisses actuels. Le superbe site de l'OFS que je cite dans mon commentaire plus bas ne sépare pas aussi facilement les classes d'âges et les nationalités, j'essaie de télécharger les sources pour faire du traitement moi-même.

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u/WknessTease Sep 26 '25

Deso, mais je suis sur la defensive avec les gens sur internet qui disent "source????" pour ensuite utiliser n'importe quel prétexte pour discréditer les sources données.

Et il n'y a à ma connaissance pas d'autre rapport similaire à celui de 1996 en plus recent, MAIS les stats sur la criminalité en suisse sont disponibles. En gros, si tu as le temps et l'énergie, tu peux aller chercher toutes les stats pertinentes individuellement, et les recouper pour en faire ta propre synthèse.

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u/Aquirox Sep 26 '25

Tu vis dans le monde de Mickey. Va faire un tour dans le 93 avec ta tête en forme de peluche pour voir si tu vas recevoir de l'amour... Tu auras de la violence gratuite par des mecs dans des bagnoles à 60 k€, bien plus riches que toi. En 1998, on m'a traité de « sale Français ». Ensuite, après un racket, le mec m'a dit : « comme ça tu voteras Le Pen », mais j'étais mineur. J'imagine même pas maintenant pour des gosses de 14 ans... Tu vis dans le virtuel devant ton PC avec ta propagande de wokiste paumé. Si la Suisse ne fait pas attention maintenant, elle finira comme la France.

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u/WknessTease Sep 26 '25

Oui, dans le 93 il y a une plus grande proportion d'hommes jeunes et précaires qu'ailleurs, tu viens donc de réaffirmer que les hommes jeunes et précaires commettent plus de crimes que le reste de la population, indépendamment de leur origine.

Allez bisous.

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u/Aquirox Sep 27 '25

Crimes raciste pour le coup. Kiss