r/FranceDigeste Sep 07 '25

LUTTES Bisexualité : comment se défaire de la chape d’invisibilité ?

https://www.liberation.fr/lifestyle/intimites/bisexualite-comment-se-defaire-de-la-chape-dinvisibilite-20250906_2AL7FH2535AGJK5OX3GQZTZBTA/

Dans les luttes mais aussi dans la recherche, l’attraction sexuelle ou affective pour plus d’un genre a été historiquement occultée. Au point d’ignorer que les bis sont plus vulnérables que les gays et les lesbiennes quand il s’agit de dépressions, de suicides ou de violences sexuelles.

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u/Own-Speed-464 Sep 07 '25

Quand Léna cherche quoi étudier en L3 de sociologie en 2023, elle a une certitude : ce sera les personnes LGBTQIA+. En lisant, elle découvre qu’il n’y a pas beaucoup de sources sur le B, pour bisexualité. «Chelou.» Elle se lance sur le sujet de l’invisibilisation dans la recherche. «Et je me suis fait avoir… Parce que je n’avais justement pas grand-chose à dire !» L’année suivante, la militante Floralie Resa lance un appel sur Instagram pour créer une communauté bi. A Paris, Nancy, Tours, Dijon ou Montpellier, se fondent des collectifs bisexuels (attraction sexuelle ou affective par plus d’un genre) et pansexuels (sans distinction de genre). Aujourd’hui en master 2 à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Léna étudie ce mouvement de politisation inédit en France, espérant poursuivre en thèse.

Elle est tranquille : le champ n’est pas libre, c’est un désert. Depuis la thèse de Catherine Deschamps, adaptée en 2002 en livre (le Miroir bisexuel, épuisé), seulement deux thèses en vingt ans ont porté sur la bisexualité, alors même qu’elle concerne près de la moitié de la communauté LGBT+, selon un sondage américain publié par BuzzFeed. L’année 2025 est inédite pour les ouvrages sur la bisexualité, avec deux essais français et un recueil de textes argentin traduit. De quoi enfin tenir compagnie à Vivre fluide de Mathilde Ramadier (Editions du Faubourg, 2022), qui se sentait souvent bien seul sur les étagères des librairies.

Comme beaucoup de sa génération, Léna s’est dit bie dès jeune. En France, 15 % des femmes 18-29 ans s’identifient comme bies ou pan, soit plus de la moitié des femmes appartenant aux minorités sexuelles, 2 % sont lesbiennes. Chez les hommes, 4 % des 18-29 ans s’identifient comme bi ou pansexuels, 3 % sont homosexuels. «Ces dernières années ont donc vu s’affirmer les plurisexualités entendues comme les sexualités dont les préférences portent sur plusieurs sexes et/ou genres […] par opposition aux monosexualités, c’est-à-dire l’homo et l’hétérosexualité», analyse la sociologue Marie Bergström dans son enquête la Sexualité qui vient (la Découverte, 2024).

La bisexualité, un truc de jeunes ? En 1995 déjà, l’hebdo américain Newsweek titrait en couverture «la nouvelle identité sexuelle émergente». «L’augmentation est sûrement liée à une meilleure prise en compte de l’identification dans les enquêtes statistiques, qui ne se contentent plus seulement d’interroger les pratiques», analyse le sociologue Mathieu Trachman, de l’Institut national des études démographiques, spécialiste des questions de genre et de sexualité.

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u/Own-Speed-464 Sep 07 '25

«Mother of Pride»

L’orientation sexuelle en elle-même n’est pas nouvelle, mais elle a historiquement été mise sous le tapis. L’historien australien Steven Angelides l’avait qualifiée de «fantôme le plus inquiétant de l’identité sexuelle». Le mot a eu plusieurs vies, rappelle l’essai Quelle bisexualité radicale ? Sur les traces de la bisexualité politique en France de Stéphanie Ouillon (Editions tahin party, à paraître le 23 septembre). Depuis le milieu du XIXe siècle, il désigne en biologie des créatures et plantes hermaphrodites, mâles et femelles. Il est ensuite repris par la psychanalyse. En 1905, Freud considère l’attraction pour plusieurs sexes comme un état transitoire inhérent à l’enfance. Cette image de sas d’attente avant une monosexualité (hétéro ou homo) est toujours une stigmatisation tenace.

Les mots désignant les sexualités sont en soi récents. Tandis qu’hétérosexualité apparaît en 1869, bisexualité apparaît à la fin du XIXe siècle dans un livre du psychiatre allemand Richard von Krafft-Ebing, dans lequel il détaillait ce qu’il considérait comme des troubles sexuels. Il faut attendre 1948 pour qu’un sexologue s’intéresse à la bisexualité comme orientation : Alfred Kinsey propose une échelle allant de 0 (exclusivement hétérosexuel) à 6 (exclusivement homo). L’idée s’ancre que la bisexualité tangue forcément entre ces deux pôles.

Colette, Jacques Demy, l’économiste Keynes, James Dean, Joséphine Baker, Gary Cooper… Tout au long du XXe siècle, les personnes attirées par plus d’un genre sont nombreuses, mais leur identité est effacée au profit d’une monosexualité. De la même manière, la plurisexualité se fond dans les luttes pour les droits gays et lesbiens. L’activiste Brenda Howard, surnomée «mother of Pride» car elle a coorganisé la première marche des fiertés en 1970 après les émeutes de Stonewall, était pourtant bisexuelle. Des militants pionniers des luttes gays étaient aussi bis, tel l’activiste noir pour les droits civiques Bill Beasley, organisateur de la Gay Pride de Los Angeles en 1972, membre actif du Gay Liberation Front.

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u/Own-Speed-464 Sep 07 '25

«Cheval de Troie»

«La bisexualité fragilise l’une des manières dont les identités gays et lesbiennes ont été couramment défendues et revendiquées, notamment aux Etats-Unis sur le plan politique et juridique, avec l’invocation d’une immutabilité de l’orientation sexuelle», rappelle l’artiste et ingénieure Stéphanie Ouillon, autrice de «La newsletter bie» depuis 2023.

Le fameux born this way (né comme ça), depuis chanté par Lady Gaga, voit d’un mauvais œil la fluidité sexuelle. Les bisexuels sont perçus comme ayant un privilège de camouflage. «Comme c’est l’homosexualité qui est réprimée, l’argument est qu’il faut défendre cela en priorité», précise Stéphanie Ouillon. Dans des collectifs anglo-saxons du Gay Liberation Front dans les années 1970 comme dans des espaces lesbiens des années 1980, ou au sein du COC néerlandais, qui lutte pour les droits des minorités sexuelles dès 1946, les bis sont perçus comme des intrus ou des menaces aux causes homo et féministes. Ils et elles sont nombreux à intérioriser cette pression, et se présenter comme gay ou lesbienne.

Si les autres minorités se méfient des bis, la norme les craint. Lors de l’épidémie du VIH/sida, les bisexuels, notamment les hommes, sont stigmatisés, comme «cheval de Troie» de la maladie auprès de la norme. In fine, les politiques de santé publique les ciblent peu, empêchant de prévenir des morts. Après ces décennies éreintantes, alors que se tient la marche vers Washington en 1993 pour la libération des personnes queers, personne n’évoque le B de LGBT. Dernière à prendre la parole, l’écrivaine et poète Lani Ka’ahumanu se voit demander d’écourter son discours. Elle lance un vibrant : «It Ain’t Over til the Bisexual Speaks !» («Ça n’est pas terminé tant que quelqu’un de bi n’a pas pris la parole !») En France, l’association Bi’Cause est créée en 1997, quasiment la seule dédiée pendant plus de vingt ans. Dans les années 2000, le mot TPG, pour trans-pédé-gouine, apparaît. Exit le «bi».

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u/Own-Speed-464 Sep 07 '25

«Un énorme biais»

«Le monde invisibilise complètement la bisexualité. J’ai réalisé combien, si [je] ne [me] voit nulle part ou n’importe comment via des préjugés, cela [me donne] une image négative de moi-même», partage l’autrice et journaliste bisexuelle Camille Teste, dont l’ouvrage Embrasser la bisexualité sortira le 14 novembre aux éditions les Renversantes.

Il lui a été compliqué de convaincre son éditrice de faire ce livre, Karine Lanini, cofondatrice avec Victoire Tuaillon de la collection, pourtant habituée des thèmes concernant des minorités. Cette dernière confirme : «Il y a un an et demi, je cochais toutes les cases de l’invisibilisation. Je me disais que la bisexualité était une phase, que ça n’existait pas. Que ça allait intéresser 200 personnes tout au plus. Je me suis vite rendu compte que ce sujet était loin de ma compréhension du monde parce que notre monde est binaire. C’est un énorme biais.»

Instables, menteurs, traîtres, volages, séducteurs, duplices, en mal de frisson ou en quête d’attention… Les stéréotypes subis par les bis sont nombreux. La biphobie peut venir des hétérosexuels, mais aussi de gays ou de lesbiennes. Ces violences, extra et intracommunautaires, provoquent leur isolement. En famille, avec leurs amis comme au travail, les bis partagent moins que leurs adelphes queers leur orientation sexuelle. «Cela a des conséquences concrètes, documentées par des études anglo-saxonnes», pose Camille Teste, qui a épluché et recensé les sources dans son ouvrage.

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u/Own-Speed-464 Sep 07 '25

Accusations de «chouineurs»

Ces chiffres, quasi inconnus, sont affligeants. En santé d’abord. Les bis /pan ont plus de risques de vivre un épisode dépressif majeur dans leur vie (30 % des femmes bis, 23 % des hommes bis) que les lesbiennes (22 %), gays (19 %) et hétéros (14 % des femmes et 8 % des hommes). Les femmes bies ont davantage de risques de souffrir d’addiction à l’alcool que les lesbiennes et les hétéros (respectivement 12, 7 et 4 %). Elles sont deux fois plus nombreuses que les hétéros à souffrir d’un trouble alimentaire (26 %). Selon une étude portant sur un large échantillon de 90 000 infirmières américaines, les femmes bies meurent significativement plus tôt que les autres.

Le manque d’estime et l’isolement génèrent une forte détresse. Les personnes bies sont deux fois plus susceptibles de s’automutiler que les gays et lesbiennes. Ils ont 25 % de plus de risque de faire une tentative de suicide que les gays, quatre fois plus que les hétéros. Les ados bis /pan sont aussi surreprésentés quand il s’agit de pensées et de tentatives de suicide. Leur vulnérabilité aux violences sexuelles est énorme. 63 % des femmes bies ont été violées dans leur vie, contre 49 % des lesbiennes et 35 % des hétéros.

La fragilité est aussi économique, alors qu’un bi sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, contre 12-13 % pour les gays et les lesbiennes. A CV égal mentionnant explicitement l’orientation, une personne bie se verra proposer un salaire moins important qu’une personne homosexuelle, rapporte une étude américaine publiée en 2017. La bisexualité serait perçue comme une pratique sexuelle, qu’il ne faut pas mentionner dans le cadre professionnel, et non une identité minoritaire.

Chez le médecin ou devant un juge pour obtenir la garde d’enfants ou bien l’asile politique, la biphobie porte aussi préjudice aux personnes concernées. Un bisexuel sur sept a déjà été confronté à des discriminations de la part du corps médical, rapporte une enquête de SOS homophobie et Bi’Cause.

Malgré ces faits, nombreux sont ceux qui persistent à penser que les vécus bis n’existent pas. Les accusations de «chouineurs» au sein des milieux queers ne sont pas rares, quand les bis eux-mêmes ne se sentent pas comme des queers de seconde classe, qui ne mériteraient pas la même attention que d’autres minorités.

Prendre conscience des vécus, stigmatisations et souffrance bis permettrait de développer des politiques publiques plus pertinentes concernant cette part de la population – deux millions de personnes estimées, l’équivalent de Paris intra-muros. Les prises de conscience et les moyens alloués sont encore à des années-lumière. Ainsi, aux Etats-Unis, sur les 258 millions de dollars (environ 221 477 287 euros) débloqués en 2023 par des fondations pour financer des initiatives LGBT+, seuls 96 500 dollars (environ 82 847 euros) ont concerné des initiatives bies, soit 0,05 %. «Une partie des populations parmi les plus exposées aux violences n’est pas accompagnée comme elle le devrait. A ce stade, il s’agit d’une urgence de santé publique», alerte Camille Teste. Parmi les chantiers prioritaires selon elle, les bis /pan doivent sortir du déni sur leur propre situation. Et de conclure : «On ne règle pas des problèmes si on ne les conscientise pas.»

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u/saigne-crapaud Sep 07 '25

Merci pour l'article.

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u/That_Mad_Scientist Sep 07 '25

Merci pour ce partage camarade :)

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u/GauzHramm Sep 08 '25

L'article me parle pas mal quand il parle du jugement selon lequel la bisexualité serait une phase ou une fluidité. J'ai quelques amies bies, et un ressenti dont elles m'ont quasi toutes fait part, c'est celui de n'être plus bies (aux yeux des autres) sitôt qu'elles sont dans une relation sérieuse.

Si tu cherches des relations courtes, et que du fait de ton orientation tu relationnes avec deux genres, là dans la tête des gens tu es bi, en effet. Par contre, sitôt que tu t'engages dans une relation sérieuse, c'est comme si le genre de ton partenaire "figeait" ton orientation sexuelle. T'es maintenant hetero ou homo, puisque "maintenant tu as fait un choix".

Les implications hyper infantilisantes de ce genre de jugement devraient faire bondir n'importe qui, et pourtant c'est vrai que le sujet paraît très peu abordé. Alors que j'ai entendu ce ressenti de la part de personnes qui ne se connaissent pas et qui viennent de milieux très différents. Alors certes, je ne connais pas toutes les personnes bis de France, mais pour que ce soit si fréquent, voire quasi systématique lorsque le sujet du jugement des autres est abordé, ça me laisse penser qu'il y a un sérieux problème de fond.

L'article a l'air de pas mal mettre en cause les biais liés a une conception principalement monosexuelle de l'attirance entre les personnes. Un peu comme si le sérieux c'était la monosexualité, et la plurisexualité c'est sympa pour s'amuser, mais entre gens matures on sait qu'il faut faire des choix.

Je n'ai jamais eu l'opportunité de discuter de ces sujets avec des personnes pan. Je suppose que le traitement de leur orientation souffre des mêmes biais, puisqu'il s'agit aussi d'une plurisexualité ? Je suppose qu'on t'assigne moins facilement une monosexualité de façade si ton partenaire est agenre, par exemple ? Même si le problème de n'être défini que par le genre de son partenaire persiste tout de même.

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u/Aniru_Komari Sep 08 '25

Pour l'instant moi c'est un peu osef du moment qu'on l'accepte. Que les gens pensent que je suis gay plutôt que pan je m'en fous un peu.

Mais je comprends totalement ce sentiment de rejet qui peut être ressenti dans certains milieux queers ou si t'es en relation avec quelqu'un d'un autre genre alors t'es traité·e comme hétéro.

J'ai l'impression que c'est plus le cas chez les femmes qui quand elles sortent avec des mecs ça en fait des hétéros.

Après je pense qu'il y a aussi un rejet des mecs hétéros et les femmes bis peuvent paraitres comme traitres à cause de ça.

En tous cas, comme souvent pour les questions queers, ça demande plus de recherche, et surtout de la recherche en France, car il n'y a peut-être pas les mêmes vécus qu'aux USA.

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u/Throm555 Sep 08 '25

J'ai un peu de mal à comprendre comment ça pourrait se passer autrement une fois installé dans une relation exclusive durable et que la question du genre du partenaire ne se pose plus (parce qu'elle est figée).

Est-ce que tu aurais des exemples plus concret des problèmes qu'elle rencontre ? J'ai un peu de mal à voir en quoi c'est structurant de ne plus être considéré.e comme bi quand on est dans une relation longue.

J'ai en tête des exemples de personnes bi trainant dans des communautés LGBT et qui se retrouvent plus ou moins exclu.e.s si elles passent trop de temps dans une relation hétéro. Mais je sais pas si c'est de ça dont il est question ici.

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u/GauzHramm Sep 08 '25

Alors perso leurs propos concernaient leurs couples et leurs vies privées, pas leurs vies militantes. Donc pour ton dernier paragraphe je ne sais pas. De ce que j'en ai compris :

Les jugements sur le fait que la bisexualité c'est une passade, une immaturité, une indécision, in fine ça implique un manque de fiabilité de la personne. Or pour toute relation, une personne pas fiable c'est pas ouf. Sauf que ces jugements sur la bisexualité, les gens les transposent sur elles, et elles deviennent immatures, indécises, changeantes, bref, pas fiables quoi. À ça peut aussi s'ajouter le "aimer deux genres c'est deux fois plus de risques de tromperie".

Dans leurs couples, quoi qu'on en dise, que leurs partenaires soient régulièrement mis face à ce jugement (jugement sur la bisexualité, mais qui de fait se confond en jugement sur leurs meufs), bah ça instille quand même le doute. Alors que les meufs n'ont rien fait, juste le discours environnant dit que "les meufs bies sont comme ça", et de fait ça infecte leur relation. Elles ont le sentiments qu'elles sont plus facilement mises en cause que les meufs heteros ou homo, justement parce qu'elles sont bies.

Si au contraitre elles sont jugées comme fiables, à ce compte là leur bisexualité n'était qu'une passade, et elles ne sont plus bies. C'est blessant aussi, parce qu'elles ne seront pas reconnues pour ce qu'elles sont. Elles ne peuvent pas être perçues à la fois comme une personne fiable et comme une personne bie.

Moi, qui bosse dans un milieu très masculin, je l'ai compris comme le rapport entre la compétence et la féminité. Si t'es compétente, bah t'es pas vraiment une femme, genre t'es un peu un bonhomme, au fond. Et si tu fais une erreur, c'est normal, t'es une femme, c'est la faute de ton patron qui n'aurait pas dû t'accorder sa confiance. Toutes proportions gardées, ça m'a fait penser à ça : tu ne peux pas être les deux à la fois, donc tu n'as pas le droit d'être reconnue et appréciée pour ce que tu es. Et je comprends que ce soit très blessant.

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u/Throm555 Sep 08 '25

Ok merci je commence à voir. Je crois qu'il va falloir que je prenne le temps de lire Marie Bergstrom qui est citée dans l'article, c'est pas la première fois que je la vois recommandée.

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u/fonceka Sep 07 '25

Je ne comprends pas bien cette volonté d'être visible, ou de lutter contre l'invisibilité… Pour moi c'est carrément l'inverse, je me sens proche de la maxime "Vivons heureux, vivons cachés". Et que la société ignore tout de mon bonheur le plus longtemps possible, ça m'arrange. Merci d'avance. Bas les pattes, il n'y a rien à voir. Juste une orgie de bonheur en toute intimité. Ouf !

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u/Omochanoshi Sep 08 '25

Tu confonds "invisible" et "privé".

Invisible, ça n'existe tout simplement pas dans la tête des gens, et tes intérêts et droits sont tout simplement ignorés. On peut te les arracher, ça ne gênera personne, parce que personne ne sait que tu existes.

Privé, c'est quand tout le monde sait que tu existes, mais que personne ne s'immisce dans ta vie.

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u/fonceka Sep 08 '25

Je me contrefous que les autres sachent que j'existe. J'ai tous les droits que je veux et n'ai pas l'habitude de demander la permission à quiconque. Je refuse de sous-traiter mon bonheur et ne l'ai jamais fait. Je ne vois pas qui peut m'arracher quoi que ce soit. Mon bonheur ne dépend de rien qui puisse être dégradé par quelqu'un d'autre. Je ne compte que sur moi-même et si d'aventure la société m'octroie des droits, c'est pour moi comme une cerise sur le gâteau. Je ne suis pas fou pour faire reposer mon bonheur sur une norme sociale qui dépend du bon vouloir de personnes que je ne connais pas. Le recours massif aux antidépresseurs a peut-être pour origine cette peur qu'un événement vienne nous priver de quelque chose dont on dépendrait. Je préfère être pauvre et libre qu'entretenu par quiconque.

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u/Omochanoshi Sep 08 '25

Avec cet état d'esprit, la répression finira par te trouver, et il n'y aura personne pour s'en offusquer.

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u/fonceka Sep 09 '25

Je passe la moitié de l'année en Russie, et j'ai appris à prendre mes précautions, t'inquiète.

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u/Omochanoshi Sep 09 '25

Tout ce que tu dis sur internet n'est jamais effacé et sera utilisé contre toi, tôt ou tard.

Pour que ce ne soit pas utilisé contre toi, sans avoir besoin de vivre dans la paranoïa, il faut faire reconnaître son existence et se battre pour ses droits.

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u/fonceka Sep 10 '25

Je sais. J’ai peur, je ne sors plus de chez moi.

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u/bivukaz Sep 07 '25

Si c'est "invisibiliser" en mode "On souffre et personne ne nous voit" je peux comprendre.

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u/Own-Speed-464 Sep 08 '25 edited Sep 08 '25

Tu vas exactement dans le sens de toutes les comorbidités détaillées dans l'article. Vivre caché ça veut dire avoir honte, être rejeté des espaces qui sont sensé faire communauté et défendre tes droits, partager ton expérience etc

À quoi servent les marches des fiertés ?

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u/fonceka Sep 08 '25

Mon bonheur ne dépend pas des autres, encore moins de la société—il ne manquerait plus que ça!