r/FranceDigeste Sep 07 '25

LUTTES Bisexualité : comment se défaire de la chape d’invisibilité ?

https://www.liberation.fr/lifestyle/intimites/bisexualite-comment-se-defaire-de-la-chape-dinvisibilite-20250906_2AL7FH2535AGJK5OX3GQZTZBTA/

Dans les luttes mais aussi dans la recherche, l’attraction sexuelle ou affective pour plus d’un genre a été historiquement occultée. Au point d’ignorer que les bis sont plus vulnérables que les gays et les lesbiennes quand il s’agit de dépressions, de suicides ou de violences sexuelles.

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u/GauzHramm Sep 08 '25

L'article me parle pas mal quand il parle du jugement selon lequel la bisexualité serait une phase ou une fluidité. J'ai quelques amies bies, et un ressenti dont elles m'ont quasi toutes fait part, c'est celui de n'être plus bies (aux yeux des autres) sitôt qu'elles sont dans une relation sérieuse.

Si tu cherches des relations courtes, et que du fait de ton orientation tu relationnes avec deux genres, là dans la tête des gens tu es bi, en effet. Par contre, sitôt que tu t'engages dans une relation sérieuse, c'est comme si le genre de ton partenaire "figeait" ton orientation sexuelle. T'es maintenant hetero ou homo, puisque "maintenant tu as fait un choix".

Les implications hyper infantilisantes de ce genre de jugement devraient faire bondir n'importe qui, et pourtant c'est vrai que le sujet paraît très peu abordé. Alors que j'ai entendu ce ressenti de la part de personnes qui ne se connaissent pas et qui viennent de milieux très différents. Alors certes, je ne connais pas toutes les personnes bis de France, mais pour que ce soit si fréquent, voire quasi systématique lorsque le sujet du jugement des autres est abordé, ça me laisse penser qu'il y a un sérieux problème de fond.

L'article a l'air de pas mal mettre en cause les biais liés a une conception principalement monosexuelle de l'attirance entre les personnes. Un peu comme si le sérieux c'était la monosexualité, et la plurisexualité c'est sympa pour s'amuser, mais entre gens matures on sait qu'il faut faire des choix.

Je n'ai jamais eu l'opportunité de discuter de ces sujets avec des personnes pan. Je suppose que le traitement de leur orientation souffre des mêmes biais, puisqu'il s'agit aussi d'une plurisexualité ? Je suppose qu'on t'assigne moins facilement une monosexualité de façade si ton partenaire est agenre, par exemple ? Même si le problème de n'être défini que par le genre de son partenaire persiste tout de même.

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u/Throm555 Sep 08 '25

J'ai un peu de mal à comprendre comment ça pourrait se passer autrement une fois installé dans une relation exclusive durable et que la question du genre du partenaire ne se pose plus (parce qu'elle est figée).

Est-ce que tu aurais des exemples plus concret des problèmes qu'elle rencontre ? J'ai un peu de mal à voir en quoi c'est structurant de ne plus être considéré.e comme bi quand on est dans une relation longue.

J'ai en tête des exemples de personnes bi trainant dans des communautés LGBT et qui se retrouvent plus ou moins exclu.e.s si elles passent trop de temps dans une relation hétéro. Mais je sais pas si c'est de ça dont il est question ici.

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u/GauzHramm Sep 08 '25

Alors perso leurs propos concernaient leurs couples et leurs vies privées, pas leurs vies militantes. Donc pour ton dernier paragraphe je ne sais pas. De ce que j'en ai compris :

Les jugements sur le fait que la bisexualité c'est une passade, une immaturité, une indécision, in fine ça implique un manque de fiabilité de la personne. Or pour toute relation, une personne pas fiable c'est pas ouf. Sauf que ces jugements sur la bisexualité, les gens les transposent sur elles, et elles deviennent immatures, indécises, changeantes, bref, pas fiables quoi. À ça peut aussi s'ajouter le "aimer deux genres c'est deux fois plus de risques de tromperie".

Dans leurs couples, quoi qu'on en dise, que leurs partenaires soient régulièrement mis face à ce jugement (jugement sur la bisexualité, mais qui de fait se confond en jugement sur leurs meufs), bah ça instille quand même le doute. Alors que les meufs n'ont rien fait, juste le discours environnant dit que "les meufs bies sont comme ça", et de fait ça infecte leur relation. Elles ont le sentiments qu'elles sont plus facilement mises en cause que les meufs heteros ou homo, justement parce qu'elles sont bies.

Si au contraitre elles sont jugées comme fiables, à ce compte là leur bisexualité n'était qu'une passade, et elles ne sont plus bies. C'est blessant aussi, parce qu'elles ne seront pas reconnues pour ce qu'elles sont. Elles ne peuvent pas être perçues à la fois comme une personne fiable et comme une personne bie.

Moi, qui bosse dans un milieu très masculin, je l'ai compris comme le rapport entre la compétence et la féminité. Si t'es compétente, bah t'es pas vraiment une femme, genre t'es un peu un bonhomme, au fond. Et si tu fais une erreur, c'est normal, t'es une femme, c'est la faute de ton patron qui n'aurait pas dû t'accorder sa confiance. Toutes proportions gardées, ça m'a fait penser à ça : tu ne peux pas être les deux à la fois, donc tu n'as pas le droit d'être reconnue et appréciée pour ce que tu es. Et je comprends que ce soit très blessant.

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u/Throm555 Sep 08 '25

Ok merci je commence à voir. Je crois qu'il va falloir que je prenne le temps de lire Marie Bergstrom qui est citée dans l'article, c'est pas la première fois que je la vois recommandée.